Don José:
La fleur que tu m'avais jetée
Dans ma prison m'était restée,
Flétrie et sèche, cette fleur
Gardait toujours sa douce odeur;
Et pendant des heures entières,
Sur mes yeux fermant mes paupières,
De cette odeur je m' enivrais
Et dans la nuit je te voyais!
Je me prenais à te maudire,
A te détester, à me dire:
Pourquoi faut-il que le destin
L' ait mise là sur mon chemin!
Puis, je m' accusais de blasphème,
Et je ne sentais en moi même
Qu'un seul désir, un seul espoir:
Te revoir, Carmen, oui, te revoir!
Car tu n'avais eu qu'à paraître,
Qu'à jeter un regard sur moi,
Pour t'emparer de tout mon être,
O ma Carmen!
Et j'étais une chose à toi!
Carmen, je t'aime!